La gastronomie pays contre le coronavirus # 6: Anne-Laure Assoune du restaurant Le Velli à Saint-André
Anne-Laure Assoune, 30 ans, tient avec sa maman, le restaurant Le Velli à Champ-Borne Saint-André, 1-Vanille au Guide Kaspro 2020. Depuis le début de la crise, Anne-Laure fait face à la situation en multipliant les actions tout en prenant soin d’elle et de ses proches.
Comment vivez-vous la situation ?
Tout a commencé avec de l’angoisse, depuis l’annonce du premier cas de Covid-19 à La Réunion le mercredi 11 mars 2020. J’ai tout de suite réalisé que dans la restauration, nous serions très exposés et qu’il y aurait un risque très élevé d’attraper ce virus. En effet, nous étions déjà informés de ce qu’il se passait en Chine et en Italie. Rien de positif… Je venais travailler la boule au ventre avec ma fille et ma mère.
Autour de nous, les gens n’étaient pas vraiment préoccupés, ni inquiétés. On tenta de me rassurer en vain, « ce n’est apparemment qu’une vilaine grippe, il ne faut pas céder à la psychose… ».
J’étais paniquée à l’idée que quelqu’un soit contaminé, j’avais peur de serrer les mains, de faire la bise… quand quelqu’un toussait, on était devenus parano et on avait bien raison de l’être.
Lorsque le Président a annoncé la fermeture de tous les établissements Cafés, Hôtels Restaurants le samedi 14 mars, nous étions prêts à fermer au plus vite pour la sécurité de tous. Nous sommes responsables de la santé de nos employés, de nos clients et indirectement de leur famille.
Je milite contre la propagation du covid 19 à La Réunion chaque jour. J’ai créé un groupe de partage covid-19 974, depuis le 16 mars, date de l’annonce de notre fermeture.
Depuis le confinement, je prends vraiment plaisir à me réveiller chaque matin en bonne santé et regarder ma fille dormir. Je ne suis plus pressée de vivre, je vis au jour le jour, tranquillement avec les gens que j’aime le plus au monde.
Maman vit tout près de chez moi, tout va bien mais je ne suis tout de même pas rassurée ! En effet, mes trois frères continuent à bosser dont l’un a l’aéroport ; je suis très inquiète pour eux, les belles sœurs et les enfants.
Nous sommes en guerre, sans arme, et l’ennemi est invisible et destructeur.
Quel a été le menu d’hier soir ?
Pizza maison avec l’aide précieuse de ma Fifille pour la préparation. D’ailleurs, je partage les recettes avec les abonnés du restaurant chaque jour. Une manière de partager un peu de soleil dans un monde sombre en ce moment. Mon chéri rigole, il me dit que mon travail me manque trop parce que je fais un menu à la maison depuis le confinement ! Oui, mon travail me manque, les clients aussi !! De voir mon équipe, mes collaborateurs au quotidien. De bonnes personnes… je pense fort à eux.
C’est vous qui cuisinez à la maison ?
Depuis le confinement, c’est moi mais c’est nouveau ! J’ai la chance d’avoir un mari formidable qui adore cuisiner et en plus c’est très bon !
Quelles activités le confinement vous permet-il de faire ?
Plein d’activités, nous avons un programme bien chargé. C’était déjà l’école à la maison ; avec ma fille, on jouait déjà à la maîtresse 2 fois par jour mais maintenant c’est toute la journée, chapeau bas aux institutrices et instituteurs, c’est épuisant ! Loisirs créatifs, peinture, pâte à modeler, découpage, collage, Danse, chants, films.
Il est aussi important de prendre soin de soi pour bien prendre soin des autres alors on prend le temps : sport, massage, soins, éveil spirituel, prières.
Et l’activité principale, comme beaucoup, je pense : la cuisine ! On se demande bien tous les midis et tous les soirs : qu’est-ce qu’on mange ?
Quel sera le plat que vous aurez envie de cuisiner dès votre retour aux fourneaux ?
On en a discuté avec maman et on est d’accord ! Notre envie serait d’aligner plein de filets de poisson frais sur la plancha et de préparer nos petits légumes en purée, jardinières… et une bonne sauce combava, bon appétit !
Un message à passer aux Réunionnais durant ces moments difficiles ?
Tienbo largue pas. On est nous aussi scandalisé par la situation sanitaire. Sentiment d’impuissance, soyons intelligents, restons calmes et confinés dans le seul but de limiter les pertes humaines, stopper ce virus, soigner les malades. Soulager et aider nos soignants et travailleurs de la nation qui sont au front dans une guerre, sans arme… Big up zot toute.
Malheureusement attendre que ça passe, nous relèverons la tête. Pour l’instant reste zot kaz !