LA GASTRONOMIE PAYS CONTRE LE CORONAVIRUS # 10 : le chef Antoine Huot-Marchand du Bouche à Oreille à Saint-Denis
Antoine Huot-Marchand est l’artisan-cuisinier du restaurant Le Bouche à Oreille à Saint-Denis. Le finaliste de l’émission Tous en Cuisine d’Antenne Réunion est un cuisinier engagé qui voue un grand respect aux productions locales.
Comment vivez-vous la situation ?
La contrainte actuelle nous amène à réfléchir à beaucoup de choses sur nos vies, nos métiers et leurs impacts sur la société. Outre l’organisation nécessaire pour la survie de l’entreprise avant une réouverture qui ne sera pas de sitôt, j’en profite pour préparer et avancer encore d’un pas vers une politique d’approvisionnement de produits encore plus vertueuse et locale.
Quel a été le menu d’hier soir ?
C’était l’anniversaire de ma copine, une petite rillette de bleu au gaillac moelleux, un bon petit magret de canard, quelques champignons sautés à l’ail et des grenailles… et un entremet chocolat pistaches pays.
C’est vous qui cuisinez à la maison ?
On alterne, on alterne.
Quelle activité le confinement vous permet-il de faire ?
Avant tout, ranger mes papiers, mais là j’ai fini ; préparer l’avenir, me plonger dans mes livres de cuisine, beaucoup jouer à des jeux de sociétés à deux, quelques séries et…dormir !
Quel sera le plat que vous aurez envie de cuisiner dès votre retour aux fourneaux ?
Pas un plat en particulier mais je prépare une carte inédite et j’ai hâte de la partager avec les convives de mon restaurant.
Un message à passer aux Réunionnais durant ces moments difficiles ?
Il y a une ruée vers les paniers d’agriculteurs pays même pour ceux qui ne mettent jamais les pieds au marché forain…c’est super, si vous pouviez continuer après sur toutes les productions pays ce serait top, même juste un peu plus qu’avant…en attendant restez à votre kaz, pas de compromis, on reste ensemble.
La gastronomie pays contre le coronavirus # 8 : le chef Ludovic Thivel des Délices de Savannah à Saint-Paul
Ludovic Thivel, chef patron des Délices de Savannah à Saint-Paul, 1-vanille au Guide Kaspro 2020, prend son mal en patience. Employant 4 salariés, il espère au plus vite reprendre son activité pour cuisiner risottos et mi-cuits de thon qui ont fait le succès de l’adresse.
Comment vivez-vous la situation ?
Aussi bien que possible, avec une certaine inquiétude comme beaucoup.
Quel a été le menu d’hier soir ?
Quiche Lorraine et salade.
C’est vous qui cuisinez à la maison ?
En grande majorité oui !
Quelle activité le confinement vous permet-il de faire ?
M’occuper du jardin, de mes orchidées, et réfléchir à la nouvelle carte.
Quel sera le plat que vous aurez envie de cuisiner dès votre retour aux fourneaux ?
Tous les plats que mes clients auront commandés, vivement la réouverture…
Un message à passer aux Réunionnais durant ces moments difficiles ?
Restez bien confinés à la kaz. Et surtout quand tout sera terminé, faites vivre les artisans. Nous serons présents pour vous. À très vite.
La gastronomie pays contre le coronavirus # 7 : le chef Marc Chappot du Blue Margouillat à Saint-Leu
Marc Chappot, le chef et copropriétaire du Relais & Châteaux Le Blue Margouillat à Saint-Leu, a cuisiné jusqu’au départ, mercredi, de ses derniers clients. Situation tendue et compliquée avec 30 salariés en chômage partiel. Le chef, 3-Vanilles au Guide Kaspro 2020, veut rester positif et profiter de ce confinement pour se reposer et mieux repartir.
Comment vivez-vous la situation ?
Beaucoup de craintes pour la reprise et le futur. On a aucune visibilité sur l’avenir. Ne pas savoir ce qu’il va se passer est le plus compliqué.
Quel a été le menu d’hier soir ?
Cuisses de poulet rôti, carottes confites à l’ail et macaronis.
C’est vous qui cuisinez à la maison ?
On cuisine tous les deux avec mon épouse. Pour l’instant, je suis un peu off car j’étais tout seul durant quatre jours en cuisine avant la fermeture de l’hôtel. J’ai besoin de souffler et ça me fait du bien que ma femme cuisine à la maison. Mais je vais vite avoir envie de cuisiner.
Quelle activité le confinement vous permet-il de faire ?
Se reposer dans un permier temps mais aussi jardinage, s’occuper de la maison. Ranger mes outils, mes papiers. Travailler sur une nouvelle carte, prendre le temps pour repartir dans les “chappots” de roue.
Quel sera le plat que vous aurez envie de cuisiner dès votre retour aux fourneaux ?
Re cuisiner les légumes, les tailler, les cuire…
Un message à passer aux Réunionnais durant cette crise ?
Beaucoup de courage à tout le monde, aux hôteliers et restaurateurs en particulier. Il faut rester positifs, la vie n’est pas finie. Restez chez vous et protégez-vous.
La gastronomie pays contre le coronavirus #5 : la cheffe étoilée Kelly Rangama du Faham à Paris
La cheffe réunionnaise Kelly Rangama, auréolée d’une étoile au Guide Michelin 2020, qui a ouvert avec son pâtissier de mari Jérôme Devresse, le restaurant Le Faham à Paris, est aussi à l’arrêt. Leurs huit salariés le sont également. Durant ce confinement, la Réunionnaise n’oublie pas son île dans cette crise sanitaire sans précédent.
Comment vivez-vous la situation ?
Comme tous les restaurateurs, frustrés mais malheureusement il faut tenir et rester confinés pour apercevoir le bout de ce tunnel.
Quel a été le menu d’hier soir ?
Pizza maison ! Aux asperges fraîches, c’est la pleine saison ici en métropole.
C’est vous qui cuisinez à la maison ?
Nous sommes deux chefs à la maison, alors avec Jérôme, nous cuisinons tous les deux.
Quelle activité le confinement vous permet-il de faire ?
Je ne sais pas si on peut considérer cela comme une activité mais nous n’avons que neuf mois d’ouverture, et nous avons eu très peu d’heures de sommeil, du coup : la récupération. Dormir a été l’une de mes activités principales. Nous avons repris une activité sportive, tous les deux jours nous avons une routine sportive et ça fait du bien.
Quel sera le plat que vous aurez envie de cuisiner dès votre retour aux fourneaux ?
Impossible de répondre à cette question. Il y en aura plein mais Jérôme attend les fraises avec impatience…
Un message à passer aux Réunionnais durant cette crise ?
C’est dur, c’est chiant, c’est long mais nous sommes tous dans le même bateau alors tiens bon, larg pa… Restez à la maison.
La gastronomie pays contre le coronavirus #4 : le chef Alessandro Lampis de MamZelle Pizza à La Saline-les-Bains
Alessandro Lampis est le plus réunionnais des chefs italiens. Il devait avec son collègue et ami, Thierry Gourreau, être à Las Vegas au rendez-vous mondial de la pizza pour concourir pour la meilleure pizza du monde. Le coronavirus en a décidé autrement. Le chef Alessandro Lampis n’est pas du genre à s’ennuyer ; parmi ses multiples activités, il continue à façonner et livrer des pizzas pour MamZelle Pizza qu’il vient d’ouvrir à La Saline-les-Bains. Il nous raconte avec émotion son pays d’origine, l’Italie, durement touchée par le covid-19.
Comment vivez-vous la situation ?
Nous vivons tous cette situation avec une grande inquiétude, pour la santé de nos proches, de nos collaborateurs et bien sûr, pour l’avenir incertain de nos entreprises. Évidemment, mes pensées se tournent vers ma famille et mon pays d’origine qui, comme chacun le sait, est l’un des pays les plus touchés par cette crise sanitaire. Mais j’ai un grand espoir pour l’avenir car le peuple italien a mille défauts mais il est doté de capacités surprenantes, riches en inventivité… Les Italiens savent surmonter les difficultés les plus difficiles de manière unique…une fois sorti de ces difficultés, je souhaite que mon pays sache se relever et valoriser au monde entier sa gastronomie, ses vins et ses beautés artistiques,culturelles…donc cela pourrait être le début d’une nouvelle Renaissance !
Quel a été le menu d’hier soir ?
Hier soir, nous avons mangé une “Pizza Fritta”…c’est plus fort que nous, on ne peut pas résister.
C’est vous qui cuisinez à la maison ?
La reine de la cuisine, à la maison, est ma femme Tiziana. Elle est excellente cuisinière et me gâte avec tout son répertoire de cuisine napolitaine traditionnelle…un vrai régal. Je dois dire qu’elle a aussi appris à faire un excellent cari de légine, surprenant !
Quelle activité le confinement vous permet-il de faire ?
En ce qui me concerne, heureusement, je n’ai pas le temps de m’ennuyer, J’ai plusieurs activités à suivre qui ne sont pas complètement fermées pour le moment, donc comme tous les bons entrepreneurs, j’essaye de profiter de ce “ralentissement” pour penser à de nouvelles stratégies, nouveaux produits et nouveaux services à offrir aux clients. Il est important de comprendre la situation dans sa complexité, de pouvoir s’adapter et “lire le marché” qui évolue rapidement, de pouvoir trouver des réponses aux nouveaux besoins des clients…l’histoire de l’évolution nous l’a appris … le plus fort ne survit pas forcément, mais survit celui qui sait le mieux s’adapter aux changements.
Quel sera le plat que vous aurez envie de cuisiner dès votre retour aux fourneaux ?
Heureusement, ni les feux de la cuisine ni le four se sont pour l’instant éteints…donc pour le moment je n’ai pas de désir particulier…mais les barbecues entre amis ommencent à me manquer…
Un message à passer aux Réunionnais durant cette crise ?
À cette magnifique île et ses habitants, qui m’ont adopté ainsi que ma famille, je leur souhaite de retrouver la normalité dans les plus brefs délais possible, et en ce moment de confinement forcé, de profiter pleinement de l’affection de ses proches.
À mes amis et collègues restaurateurs, je leur souhaite de trouver la force et le courage d’affronter le futur proche avec confiance…peut-être encore plus unis que jamais, je suis convaincu que c’est aussi le moment pour se réunir et entreprendre des activités, échanger des idées et des initiatives qui peuvent aider l’ensemble du secteur de la restauration dans son ensemble. Nous y sommes !
La gastronomie pays contre le coronavirus #3 : le chef Fabien Rocheville de La Villa Delisle à Saint-Pierre
Les hôtels comme les restaurants de La Réunion ont également fermé leurs portes, c’est le cas de La Villa Delisle à Saint-Pierre dont les cuisines sont orchestrées par le chef Fabien Rocheville qui a remis d’aplomb le restaurant Le Pierre Bistrot Chic, 1-vanille au GUIDE KASPRO 2020. Le chef, qui profite de sa famille durant ce confinement, a hâte de retrouver son équipe et ses clients.
Comment vivez-vous la situation ?
Durant cette période d’angoisses et de doutes, je reste chez mes parents, là où j’ai grandi, parmi la végétation, les poules, les coqs, les pintades, les canards, les oies, le petit cochon et surtout les bœufs moka et les charrettes de mon père. C’est sans doute de là que vient mon amour pour le terroir local.
Quel a été le menu d’hier soir ?
Hier soir, c’était rougail sounouk et grains verts pour tout le monde.
C’est vous qui cuisinez à la maison ?
À la maison tout le monde cuisine. Mon père fait des plats de viande au feu de bois pour ma mère et moi, et nous, le plus souvent, préparons des plats de poisson et de légumes pour lui, qui est végétarien.
Quelle activité le confinement vous permet-il de faire ?
Nous devions changer la carte au premier avril. Maintenant, j’ai le temps d’y penser et de préparer les fiches techniques pour mon équipe. Je peux aussi passer du temps en famille et réviser des partitions de guitare devant la télé.
Quel sera le plat que vous aurez envie de cuisiner dès votre retour aux fourneaux ?
J’ai surtout hâte de cuisiner à l’hôtel pour les clients et surtout retrouver mon équipe.
Un message à passer aux Réunionnais durant cette crise ?
C’est de s’instruire, de se cultiver, d’apprendre plutôt que de dépendre des réseaux sociaux.
La gastronomie pays contre le coronavirus #2 : le chef Christian Virassamy-Macé du Choka Bleu à La Saline-les-Bains
Le chef Christian Virassamy-Macé, le roi du Choka Bleu à La Saline-les-Bains et chantre de la créolonomie, n’échappe pas au confinement. On prendra beaucoup de plaisir à se retrouver dès que la situation se rétablira à “the place to be” un de ces jeudis soirs. Aujourd’hui, au Choka Bleu, ce sont 22 contrats CDI en chômage partiel avec autant d’extras sur le carreau… mais le chef veut rester optimiste.
Quel a été le menu d’hier soir ?
Je me suis préparé un minestrone pei : mourongue, poitrine de porc, gingembre, curcuma, piment, coriandre!!! Mmmmm ! Et un excellent anti-viral !
Quelle activité le confinement vous permet-il de faire ?
Du sport chez moi, de la lecture. Je lis beaucoup de livres de recettes et je pense à de nouveaux plats pour la carte du restaurant.
Quel sera le plat que vous aurez envie de cuisiner dès votre retour aux fourneaux ?
Un plat où il y aura de la volaille, du mourongue, du maïs…
Un message à passer aux Réunionnais durant cette crise?
Regardons le verre à moitié plein plutôt qu’à moitié vide! Profitons de ce moment pour se retrouver .Une grosse pensée aux personnes contaminées et en détresse. Une prière pour ceux qui souffrent !Respectons les consignes et merci infiniment aux personnels de santé.
La gastronomie pays contre le coronavirus : la cheffe Larissa !
En raison de la crise sanitaire actuelle, les restaurants de La Réunion et d’ailleurs ont dû baisser le rideau et les chefs et cuisiniers, déposer leur tablier. Comme dans bon nombre secteurs d’activités, la situation est très compliquée et la restauration risque de payer cher ce lourd revers. Nous n’oublions pas ces lieux, ces personnes qui nous donnent du plaisir lors d’un déjeuner, d’un dîner ou pour célébrer un événement.
Il faudra continuer à les soutenir dès que la situation s’améliorera ; leurs activités dépendent de votre fréquentation, soyons solidaires de la gastronomie locale…
Nous vous donnerons régulièrement des nouvelles de celles et de ceux que vous voyez peu et qui pourtant nous régalent. Nous leur demanderons comment ils traversent cette situation jamais vécue.
Pour commencer cette série, nous avons recueilli les propos de Larissa RAJAONARIVELO, 28 ans, qui vient de créer son service de cheffe à domicile. La première gagnante de l’émission Tous En Cuisine d’Antenne Réunion nous raconte comment elle vit cette situation inédite.
Comment vivez-vous la situation ?
C’est une situation très difficile pour tout chef d’entreprise ; étant jeune entrepreneur, mon activité a à peine démarré et cette situation n’arrange pas les choses. Toutefois mes proches et moi-même, nous sommes en très bonne santé donc c’est la chose la plus importante. J’essaye de planifier mon année et faire les choses dont j’ai toujours voulu faire et que je ne me suis pas donné le temps, telles que reprendre la danse, le sport (à domicile) peut-être la couture et un peu de peinture.
Quel a été le menu d’hier soir ?
Hier soir, j’ai cuisiné l’un de mes plats préférés un cari patte cochon. Je pense que je ne l’ai jamais fait avec autant d’amour qu’hier soir. Je vous avoue qu’après avoir mangé la patte cochon, le sommeil et la digestion n’étant pas au rendez-vous, j’avais l’impression d’avoir avalé un cochon entier, mais qu’est-ce que c’était bon !
C’est vous qui cuisinez à la maison ?
Alors très souvent, c’est moi qui cuisine à la maison mais j’ai la chance d’avoir un compagnon qui est un très bon cuisinier aussi, donc je me laisse aussi servir de temps en temps et ça fait du bien.
Quelle activité le confinement vous permet-il de faire ?
Pendant ce confinement, j’aimerais apprendre à faire de la peinture mais malheureusement je n’ai pas le matériel pour, donc pour le moment, je regarde des vidéos pour apprendre les bases. Je trouve que c’est quelque chose qui se rapproche de notre métier car le métier d’un cuisinier est aussi un métier artistique.
Quel sera le plat que vous aurez envie de cuisiner dès votre retour aux fourneaux ?
Je n’ai pas de plat particulier, la seule chose qui me manque c’est de pouvoir partager un moment en cuisine avec mes proches, mes amis, ma famille et aussi mes clients.
Un message à passer aux Réunionnais durant cette crise ?
Le seul message que je souhaiterais partager aux Réunionnais c’est tout simplement de prendre soin d’eux car rien n’est plus important que la santé, tout le reste viendra après…
Glenn Viel, le nouveau et plus jeune chef 3-étoiles au Guide Michelin France à La Réunion !
Son nom ne vous dit presque rien ! Il faudra pourtant compter sur le discret et solide chef Glenn Viel pour les prochaines décennies dans la cuisine française. Il vient d’obtenir sa troisième étoile Michelin qu’il a réhabilitée dans cette institution de Provence, L’Oustau de Baumanière du tutélaire Monsieur Jean-André Charial qui voulait retrouver le triptyque stellaire avant la fin de son service. C’est donc chose faite grâce à cet hyperactif chef âgé de 40 ans, le plus jeune des 29 chefs que comptent les 3-étoiles Michelin France. Dans quelques jours, le restaurant rouvrira ses portes pour ses premiers services 3-étoiles ! Vous le verrez aussi la semaine prochaine dans Top Chef et bientôt dans 7 à 8 !
Son voyage à La Réunion pour revoir sa belle-famille était fixé de longue date, programmé durant les deux mois de pause de l’année du restaurant provençal. Trois jours seulement après la cérémonie des étoiles Michelin 2020. “J’ai appris l’obtention de ma troisième étoile dans le public comme tout le monde. Je suis monté sur scène, c’était énorme. Cela ne fait pas cinq ans, date à laquelle je suis arrivé chez Monsieur Charial, que je travaille pour ça mais depuis 20 ans, depuis mes débuts !” glisse-t-il avec émotion.
En effet, ce Breton d’origine, né à Versailles, qui a suivi son père gendarme dans ses mutations professionnelles, et notamment à La Réunion, a déjà de belles expériences derrière lui aux côtés de chefs comme Yannick Alléno ou Nicolas Sales où il échafaudera les étoiles une à une en travaillant également à Marseille, en Corse mais aussi à Bora Bora ou encore en Russie. Le chef Glenn Viel n’est pas du genre à reproduire ailleurs ce qui a fait le succès d’une adresse. “En changeant d’établissement, je reprends tout à zéro. J’apprivoise le terroir local. Il n’y a quasiment aucun plat que je fais depuis mon passage dans les étoilés, ah si, peut-être le “tourteau bœuf”. Fait nouveau, il conçoit un plat en y mettant de la psychologie comme ingrédient : “faire travailler les sens dans le bon sens pour que les goûts ne soient pas dilués dans des dressages sophistiqués et incohérents, aller à l’essentiel, épurer. Chaque élément dans l’assiette doit avoir un sens”. Tout comme la température de service des plats ; chez lui, tout est servi à 47 °C pour ne pas que la chaleur l’emporte sur le goût du plat. S’il garde la tête froide de ce nouveau statut trois-étoiles, Glenn Viel est en constante ébullition, des idées d’innovation fusent de partout, en restant juste, à l’instar de ses “cailloux d’assaisonnement” qu’il a créés à base de céleris, langoustines, champignons déshydratés. Le chef-artisan en a encore sous le pied pour décrocher sa quatrième étoile, celle qui n’existe que pour lui et pour ses clients.
Glenn Viel offre une démarche globale dans sa cuisine. Il a mis en place toute une chaîne d’artisans locaux autour de lui : du meunier pour ses accords mets-pains, à la poterie pour ses assiettes en passant par un souffleur de verres pour sa verrerie, un potager pour les légumes sans oublier des poules et des cochons pour les restes.
“Je n’étais plus revenu à La Réunion depuis 8 ans. Cela fait 5 ans que je n’avais pas pris de vacances.” La Réunion, c’est pour lui des souvenirs quand son papa était en poste sur l’île et celui de la rencontre de son épouse. Celui qui trouve qu’on mange de manière générale mieux sur l’île qu’en métropole, apprécie d’acheter des barquettes de cuisine traditionnelle réunionnaise ici et là. Côté tables gastronomiques, il a trouvé une réelle montée en gamme depuis son dernier voyage. Le chef Glenn Viel a testé le Makassar du Palm Hôtel à Grande-Anse et Le Blue Margouillat à Saint-Leu, et pense que ces adresses pourraient figurer dans le guide rouge. Son péché mignon sur l’île ? Glenn Viel voue un amour inconditionnel à l’ananas Victoria et aimerait tant en trouver de cette fraîcheur dans les Baux-de-Provence. Qui sait ? C’est peut-être pour bientôt…