La gastronomie pays contre le coronavirus #32: le chef Emmanuel Michau du restaurant Sahaa à Saint-Paul
Emmanuel Michau est le cuisinier artisan qui a animé les fourneaux du restaurant Là-Bas,Ter La à Saint-Paul qu’il vient récemment de céder. Aujourd’hui, il est le chef exécutif du restaurant saint-paulois Sahaa ouvert l’an dernier. L’établissement récent est bien évidemment mis en péril en raison de cette crise sanitaire mais Emmanuel Michau veut garder espoir.
Comment vivez-vous la situation ?
Je vis la situation avec philosophie, une nouvelle épreuve de la vie. Nous n’avons pas connu la guerre, mais une pandémie mondiale, c’est totalement inédit, on en parlera dans les livres d’Histoire dans quelques décennies. C’est très compliqué au niveau du restaurant, autant pour nos employés que pour la survie de la structure en elle-même. Mais je suis confiant en la vie, et tout va bien se passer.
Quel a été le menu d’hier soir ?
Momos tibétain à la viande, fait maison
C’est vous qui cuisinez à la maison ?
Je cuisine tout le temps à la maison, j’aime le faire pour mon fils, lui donner une palette de saveurs, faire son palais. Ma maman étant là, en vacances forcées, elle prend le relais de temps en temps et mon fils met la main à la pâte aussi.
Quelles activités le confinement vous permet-il de faire ?
Je continue à travailler entant que consultant culinaire pour un armateur de pêche. Je fais l’instituteur pour mon fils, je lis beaucoup, quelques films et j’arrive à faire un peu de sport aussi.
Avez-vous mis des choses en place dans votre établissement ?
Pour l’instant, au Sahaa, nous n’avons rien mis en place, mais nous pensons à faire de la vente à emporter avec précommande 2 à 3 fois par semaine.
Un message à passer aux Réunionnais durant ces moments difficiles ?
Larg pa, tien bo, restons ensemble, soudés, confinés et confiants. The Show Must Go Home !
La gastronomie pays contre le coronavirus #31: Corine Romeder de l’atelier de haute confiture Coco Passion
Corinne Romeder est la fondatrice de l’atelier de haute confiture Coco Passion qui réalise des délices de haute volée. Son époux Pascal l’a rejointe en début d’année pour mener en duo cette douce passion. Durant ce confinement, l’activité a baissé de moitié mais le couple met à profit leur disponibilité pour aider certains de leurs producteurs de fruits comme leur voisinage.
À quel degré le confinement a-t-il mis un coup d’arrêt à votre activité ?
Le confinement nous contraint à travailler à 50 % de nos capacités.
Comment le confinement impacte-t-il votre activité ?
Nous faisons la confiture pour les petits-déjeuners de trois hôtels, et vendons nos produits à l’aéroport et dans diverses boutiques sur l’île. Seuls quelques cavistes restent ouverts avec les horaires imposés par le confinement, et peuvent encore proposer nos confitures. Nous pouvons encore fabriquer, mais les ventes sont très faibles.
Quel est votre quotidien type durant ce confinement ?
Notre quotidien a changé dans la mesure où nous nous rendons disponibles pour aider un producteur de fruits proche de chez nous, qui a connu des soucis de santé. De même l’entraide pour notre voisinage esseulé, en respectant les gestes barrières nous paraît essentiel. Nous essayons de mettre à profit ce temps de confinement pour de nouveaux aménagements et hygiène du labo. Nous essayons de trouver nos marques dans notre travail à deux depuis janvier.
Quel est le positif de cette situation ?
Le positif vient du fait que nous resserrons les liens avec nos partenaires. Notamment avec les responsables de certaines boutiques qui ont des sites de vente en ligne et qui se sont mises en quatre pour intégrer nos pots de confitures à leur catalogue. Nous observons le monde et essayons de nous adapter avec optimisme.
Comment envisagez-vous l’avenir ?
Nous sommes persuadés que les comportements de consommation auront changé après cet épisode Covid 19. Nous réfléchissons à de nouveaux objectifs, pensons également créer un site click and collect dans l’année.
La première chose que vous aimeriez faire après le confinement ?
Personnellement, le lagon me manque, et il me tarde de pouvoir nager de nouveau avec mes amies ! Mon binôme et époux chéri sera ravi de reprendre les routes de l’île à vélo…
LA GASTRONOMIE PAYS CONTRE LE CORONAVIRUS #30: Madame Glaces à Saint-Leu
Madame Glaces rêve de la réouverture de sa roulotte du côté de Quatre-Robinets à Saint-Leu. Ses nombreux clients espèrent également retrouver très vite ses bowls healthys et gourmands. Madame Glaces en reprendra doucement le chemin à partir de la rentrée scolaire, le 14 mai, sous forme de drive, réservations, sans attente, avec toutes les mesures de sécurité requises. Pour l’heure, Madame Glaces reste connectée à sa communauté tout en laissant la glace se rompre…
À quel degré le confinement a-t-il mis un coup d’arrêt à votre activité ?
Un arrêt total de l’activité !
Comment le confinement impacte-t-il votre activité ?
Nous avions la possibilité de faire de l’emporter mais par éthique ou par instinct, ma première idée a été de fermer boutique. Ce qui a conduit à une perte totale du chiffre d’affaires et aucun revenu. Je me suis quand même posé la question si nous pouvions rester ouverts pour l’emporter car on savait qu’on allait avoir une perte totale du chiffre d’affaires. J’ai donc fait un sondage sur les réseaux sociaux et effectivement à l’unanimité, c’était la fermeture. Cela a été vraiment bien de pouvoir échanger avec les clients qui craignaient beaucoup de monde devant chez Madame Glaces. J’ai toutefois envisagé et pensé à un système de commandes avec récupération des bowls très drastique avec les règles de distanciations sociales et hygiéniques. C’est un mode de commerce différent qui s’adapte à la situation avec une préparation en amont pour nous et aucune attente devant chez Madame Glaces, un drive en fait.Quel est votre quotidien type durant ce confinement ?
Monsieur s’occupe de refaire la terrasse avec des bois de palettes qu’il avait récupérés, il y a donc actuellement un réaménagement de la terrasse. Toujours dans le même esprit avec des nouveaux meubles qui sont magnifiques avec du bois brut, c’est super mignon ! Pour ma part, je fais beaucoup de recettes de gâteaux crus sans gluten, de pancakes, de banana pancakes avec des petites astuces…Tous les jours, j’ai réalisé un smoothie avec les ingrédients que l’on a à la maison sous la main. Je prends des photos et je fais des stories sur Insta. J’ai mis en place un challenge et un concours pour gagner un bowling avec la personne de son choix. Les personnes devaient faire un bowl avec ce qu’elles avaient sous la main, il y a eu un tirage au sort et un vote du public pour choisir le plus beau bowl Instagramable. Je suis vraiment restée et reste quotidiennement connectée et proche de mes clients pendant ce confinement. Pour moi, c’est vraiment un chouette moment de partage et j’espère que pour eux aussi.
Quel est le positif de cette situation ?
C’est que je suis restée très proche de mes clients pendant ce confinement. Et puis, on a le temps de faire plein de choses dans la maison qu’on ne fait pas d’habitude. On a pris le temps pour nous, pour se retrouver nous-mêmes et puis on a pris beaucoup de repos car depuis trois ans, c’est très intense pour nous et on doit dire que ça nous fait du bien… mais pas au porte-monnaie…Comment envisagez-vous l’avenir ?
Alors je ne sais pas si c’est mon côté optimiste mais j’envisage l’avenir vraiment très bien. Ça va prendre du temps mais je pense que les activités vont redémarrer, celles qui ont pu tenir le coup et obtenir des aides de l’État et surtout le soutien des banques, en cette période c’est primordial !
La première chose que vous aimeriez faire après le confinement ?
C’est d’aller surfer mais j’ai surtout hâte de retrouver ma roulotte et mes clients.La gastronomie pays contre le coronavirus #29 : l’artisan chocolatier Damien Kapp de Kapp Chocolatier au Tampon
L’artisan chocolatier Damien Kapp de Kapp Chocolatier au Tampon, formé notamment par les grands du métier, Pierre Hermé et Patrick Roger, a subi de plein fouet la crise sanitaire avant les fêtes de Pâques. Son activité est récente et même s’il a limité la casse (pas celle des œufs de Pâques), Damien Kapp veut rester positif quant à l’avenir.
À quel degré le confinement a-t-il mis un coup d’arrêt à votre activité ?
Au départ, un arrêt total, surtout par choix personnel. Puis suite aux sollicitations des clients, notamment pour Pâques, nous avons lancé un site en ligne marchand type click & collect (commande et paiement en ligne puis prise de rendez-vous pour un retrait en boutique), afin de tout de même pouvoir vendre des chocolats à Pâques en limitant les risques sanitaires pour les clients comme pour nous.
Comment le confinement impacte-t-il votre activité ?
Sur la période de Pâques, pour rappel : le plus gros mois d’activité de l’année pour un artisan chocolatier, nous avons limité la casse en faisant un peu plus de 50 % du CA par rapport à 2019. Et suite à l’engouement des clients et à leurs sollicitations, nous allons réouvrir deux demi-journées par semaine dans un premier temps (vendredi et samedi matin).
Quel est votre quotidien type durant ce confinement ?
À vrai dire, habitant au-dessus de mon lieu de travail, il n’a pas été trop perturbé ces dernières semaines. J’ai passé beaucoup de temps à fabriquer les chocolats pour Pâques et à développer le site marchand, les différences majeures par rapport à d’habitude étaient que je ne recevais pas de clients et que nous devions nous partager la garde de notre fils avec ma femme, afin qu’elle aussi, puisse travailler.
Quel est le positif de cette situation ?
Cela m’a permis de réfléchir à d’autres canaux de distribution, mais cela m’a convaincu également de développer certains projets que j’avais dans des cartons comme la mise en place du site Internet, etc. Et de me rendre compte de l’ampleur de l’engouement des clients pour nos produits, alors que notre activité est encore assez récente et que nous avons encore beaucoup à gagner en visibilité.
Comment envisagez-vous l’avenir ?
Bien sûr nous sommes tous dans l’expectative, mais pour ma part, je suis assez positif surtout grâce au soutien des clients. Nous avons de la chance, surtout par rapport à d’autres entreprises, de ne pas avoir trop de charges (notamment salariales) à assumer et de pouvoir trouver des solutions de ventes alternatives pour tenter de limiter la casse durant cette période compliquée.
La première chose que vous aimeriez faire après le confinement ?
Voyager.
La gastronomie pays contre le coronavirus #28 : le chef Elie Abboud du restaurant libanais Le Mezzé à Saint-Pierre
Le chef Elie Abboud et son épouse Crystel tiennent avec brio cette adresse de cuisine traditionnelle libanaise, Le Mezzé. Tout comme nombreux de leurs confrères, les rideaux de leur restaurant sont totalement fermés. Le couple veut être optimiste et relativise par rapport à la situation de nombreux pays dont celui des origines du chef, le Liban.
Comment vivez-vous la situation ?
Nous prenons notre mal en patience, en essayant de voir le côté positif de la situation : passer plus de temps avec notre fils.
Quel a été le menu d’hier soir ?
Blanquette de veau.
C’est vous qui cuisinez à la maison ?
Ma femme et moi en fonction de nos envies.
Quelles activités le confinement vous permet-il de faire ?
Jouer avec mon petit garçon, bricoler et rattraper les séries qu’on n’a pas le temps de voir en temps normal.
Quel sera le plat que vous aurez envie de cuisiner dès votre retour aux fourneaux ?
Du kebbeh (boulettes allongées à base de boulgour et une farce traditionnelle à base de bœuf, de pignons de pin, d’oignons…)
Un message à passer aux Réunionnais durant ces moments difficiles ?
Positivons au maximum, à La Réunion en particulier, et en France en général, nous ne sommes pas les plus à plaindre. J’ai toute ma famille au Liban, ils sont dans une situation intenable que ce soit sanitaire ou économique.
Regardons autour de nous, ne nous apitoyons pas sur notre sort, car d’autres n’ont pas autant de chance.
LA GASTRONOMIE PAYS CONTRE LE CORONAVIRUS #27 : le sommelier réunionnais Réza Nahaboo représentera la Suisse lors du concours du meilleur sommelier d’Europe à Chypre
Le confinement permet de faire des rencontres, virtuelles soient-elles. C’est ainsi, grâce à l’ami Jean Bernard, que j’ai pu faire tout récemment la connaissance de Réza Nahaboo, millésime 1987, chef sommelier en Suisse. Ce brillant Réunionnais, au parcours déjà bien étoffé, nous raconte son ascension professionnelle et n’oublie pas l’île qui l’a vu naître. Quand l’excellence réunionnaise s’exporte…
Tout d’abord, comment vivez-vous ce confinement ?
Le confinement se passe très bien. J’ai la chance d’avoir un balcon et de l’espace. Je pense à tous ceux qui vivent dans des appartements restreints, peu lumineux, à plusieurs, ce n’est pas la même chose… Aussi, ici en Suisse, le confinement est beaucoup moins strict que dans tous les autres pays voisins. Nous avons la liberté de sortir quand nous le souhaitons tant que l’on respecte les consignes de sécurité. Pour ma part, je vais en montagne m’aérer et être sûr de ne pas avoir de contacts…
Pouvez-vous en quelques lignes nous décrire votre parcours professionnel ?
J’ai commencé la restauration en apprentissage à l’âge de 15 ans dans la région Iséroise en France. J’ai obtenu un CAP Restaurant, puis un Brevet Professionnel Restaurant et une mention Sommellerie (5 ans d’alternance au total). Puis, à 19 ans, avec la mention en poche, je suis venu en Suisse à Montreux. J’ai travaillé pour une maison étoilée et une année plus tard, j’ai eu l’honneur de travailler pour Monsieur Rochat à Crissier, dans un établissement triplement étoilé où je fus assistant chef sommelier. Par la suite, j’ai multiplié mes expériences helvétiques comme à Genève au Four Seasons ou dans le Valais en travaillant pour des chefs étoilés. En termes de diversité, j’ai travaillé dans des établissements modestes, des maisons type brasserie, un wine bar, un shop de vins en lignes et la restauration étoilée en qualité, soit de chef sommelier soit de maître d’hôtel. En 2015, j’ai eu le privilège de faire l’ouverture du 5-étoiles Hôtel Royal Savoy de Lausanne. Ce fut une expérience incroyable où j’étais chef sommelier et assistant manager. J’ai eu l’honneur de créer une carte des vins de 420 références pour le restaurant de Monsieur et chef Marc Haeberlin… Puis en 2017, une autre ouverture et un nouveau poste : Sommelier Instructor pour le nouveau restaurant Le Bellevue situé dans la prestigieuse école Glion Institute of Higher Education où officient trois Meilleurs Ouvriers de France et Monsieur Paolo Basso, Meilleur Sommelier du Monde 2013.
Comment est venue chez vous la passion de la sommellerie ?
Lorsque j’ai commencé l’apprentissage, j’ai eu un feeling avec la partie boissons car j’avais la responsabilité de service des apéritifs et des vins, ça m’intéressait beaucoup. Puis, plus tard, j’ai rencontré un vrai sommelier de métier. Et je trouvais le personnage captivant, humble et étrange car il parlait de choses que je ne comprenais pas, mais les clients étaient fascinés. Puis un jour, il m’a donné un verre de crozes-hermitage à goûter, et ce fut le déclic…
Est-ce plus compliqué pour un Réunionnais, dont la culture est davantage tournée vers le rhum, de percer dans la sommellerie internationale ?
Je dois avouer que chercher une place d’apprentissage avec mon nom de famille ne fut pas très facile et j’ai eu une ou deux surprises liées à l’intégration. Personnellement, je ne pense pas que c’est une question de cultures ou de talents mais juste du travail. Si on a la fibre, la passion et que l’on travaille dur alors on y arrive ! Labor Omnia Probit Improbus ! (Un travail acharné vient à bout de tout).
Toutefois et sans fausse modestie, je ne me considère pas comme avoir « percé » dans la sommellerie internationale. Je reste à ma place, je suis un étudiant du vin, un apprenti. Et tant mieux si j’arrive à transmettre des choses positives liées à ma passion.
Quels sont vos titres en sommellerie et vos participations aux concours ?
Je fus : Meilleur élève sommelier de France Vins du Val de Loire en 2007 ; 3e Meilleur Sommelier de Suisse en 2009 et en 2012 ; 2e Meilleur Sommelier de Suisse en 2014 et Meilleur Sommelier de Suisse en 2016. J’ai récemment réussi l’examen Advanced du Master Sommelier et la sélection nationale pour représenter la Suisse aux prochains championnats d’Europe de sommellerie à Chypre.
Vous êtes toujours attaché à La Réunion ? Vous êtes originaire de quelle ville ?
Je suis né à Sainte Clotilde et je me sens toujours attaché à La Réunion. C’est une île incroyable avec une telle richesse et une telle diversité. Je suis très fier de mes racines, aussi, ma mère est de La Réunion, et mon père et mes frères sont de l’île Maurice.
Revenez-vous de temps à autre sur l’île ?
J’y suis retourné l’année dernière mais j’avoue que je n’y étais pas revenu depuis plus de dix ans… Non pas que je n’en avais pas envie !
La cuisine réunionnaise vous manque-t-elle ?
J’ai la chance que ma mère soit une grande cuisinière et que lorsque je la retrouve, elle me concocte des rougails, carrys, samoussas, sarcives pour les fêtes et même des bouchons. Alors à part le boucané et le ti jaque. Ça va… ce qui me manque c’est la saveur des fruits sur place lorsqu’ils sont à pleine maturité… un longani ou un letchi très mûr c’est quelque chose !
Quels sont les plus beaux accords qu’on pourrait réaliser avec les grands standards de la cuisine traditionnelle réunionnaise ?
Je dois être honnête mais c’est un sujet que j’aimerais travailler assez sérieusement pour aller plus en profondeur dans l’accord créole. Je n’ai pas vraiment eu l’opportunité de tester les accords avec différents styles de vins mais c’est dans ma tête.
Le problème, à mon sens, c’est le piment. Qu’il soit en pâte, en vinaigrette, frais, piments oiseau, ou cabri… tout ce que vous voulez. À mon avis, le piment (surtout avec les doses réunionnaises !) ne laisse pas la place au vin… par la capacité à brûler et piquer en persistance.
Mais en l’absence de piment sur les rougails/carrys, il y a des choses à faire. Les cuissons type carrys avec la tomate, ont énormément de succulence, de la persistance et les épices infusées sont souvent équilibrées, je pense que des cépages espagnols comme le mencia sur Bierzo ou Ribeira Sacra peuvent être sublimes sur des rougails thon. Avec le rougail saucisses, je garderais le même esprit mais avec des notes plus fumées et des terroirs volcaniques comme les vins de l’Etna à base de nerello mascalese avec un peu d’évolution sinon les tanins sont trop secs…
Pour le gratin chouchou, on pourrait imaginer un vin frais, variétal et avec de bons amers comme un grüner veltliner d’Autriche. Peut-être un style plus crémeux comme un Ried (cru) ou une Réserve apportera la structure pour gagner en volume.
Vous représenterez la Suisse aux prochains championnats d’Europe de la sommellerie. Comment avez-vous vécu cette nouvelle ? Comment vous préparez-vous pour cette compétition en ces temps confinés ? Vous fixez-vous un objectif pour ce concours ?
Quand j’ai appris cette nouvelle, je n’en revenais pas ! Car il y avait certaines épreuves notamment sur la dégustation, qui m’ont un peu décontenancé. Ensuite, le questionnaire était très dur pour moi. Alors je ne faisais pas le malin. Comment je me prépare ? Sincèrement, je n’ai pas encore commencé. Je sais que c’est honteux au vu du challenge mais avec mon travail on a dû réadapter toute notre méthodologie avec les contenus et les cours en ligne et du coup, je dois déjà être prêt sur cette partie pour me reconcentrer au plus vite sur le concours.
Pour la préparation, je vais étudier sur plusieurs points les pays viticoles du monde. Déguster des vins du monde régulièrement. Je suis entouré de mon collègue Fabien Mène qui est un des meilleurs sommeliers de Suisse, de Davide Dargenio, meilleur sommelier d’Italie, et de Bertrand Lutaud qui est un vrai coach pour moi et qui se prépare pour le Master Sommelier.
Mon objectif est bien sûr secrètement la finale comme tous les candidats mais c’est certainement utopique… Je suis déjà très heureux de pouvoir faire ce grand concours et si j’atteins les demi-finales alors ça serait déjà merveilleux…
Quels styles de vins aimez-vous ?
J’aime tous styles de vins, j’aime le pinot noir sous toutes ses coutures, le riesling, le chenin !
J’aime les cépages autochtones. Les vins fins où le terroir est le protagoniste.
Votre plus grande émotion en dégustation ?
La Tâche 1998 du Domaine de La Romanée-Conti… pluridimensionnel !
Le vin que vous rêveriez de goûter ?
Il y en a plein, des vins historiques, des vieux millésimes de Rayas, des rieslings de Moselle allemande d’avant-guerre pour voir l’évolution, des vieux monfortinos sur Barolo….
Un message à passer aux Réunionnais durant ce confinement ?
J’espère que les jeunes cuisinent avec leurs parents ! Pour que la culture ne s’efface pas mais se transmette… Et vive La Réunion ! Vive le rhum arrangé !
LA GASTRONOMIE PAYS CONTRE LE CORONAVIRUS #26 : FRANÇOIS LECLERC ET OLIVIA MANIECA DE LA BOULANGERIE-PÂTISSERIE Ô DÉLICES DU PARADIS À SAINT-PIERRE
Le boulanger François Leclerc et Olivia Manieca de la boulangerie-pâtisserie Ô Délices du Paradis de la Ligne Paradis à Saint-Pierre, enchâssée dans la zone artisanale et industrielle, sont considérablement impactés par ce confinement. Pour le grand plaisir et le réconfort de leurs fidèles clients, le couple a rouvert ses portes pour donner du baume au cœur aux amoureux du bon pain et de douceurs gourmandes.
À quel degré le confinement a-t-il mis un coup d’arrêt à votre activité ?
Nous étions en congés juste avant le confinement. Notre reprise s’est faite la semaine du confinement et cela a été catastrophique. Nous avons dû fermer à nouveau 15 jours avant de rouvrir et permettre le dispositif gestes barrière pour la sécurité de nos employés et nos clients.
Comment le confinement impacte-t-il votre activité ?
Les clients se déplacent beaucoup moins. Nous dépendons aussi des nombreuses entreprises alentours, qui sont quasiment toutes fermées. Nous avons donc une baisse considérable de la clientèle.
Quel est votre quotidien type durant ce confinement ?
Nous travaillons uniquement le matin. Nous avons adapté nos horaires et les après-midi, on profite de notre vie de famille, de nos enfants.
Quel est le positif de cette situation ?
C’est que nous passons plus de temps en famille. On prend aussi le temps de s’occuper de la maison, du jardin.
Comment envisagez-vous l’avenir ?
On sait que ce sera très compliqué mais on reste positifs.
La première chose que vous aimeriez faire après le confinement ?
Après le confinement, on fera un bon restaurant, faire travailler nos confrères, et en famille bien sûr !
La gastronomie pays contre le coronavirus #25 : le chef Romain Durand du Vieux Pressoir au Conservatoire Mascarin des Colimaçons
Romain Durand est le chef du bucolique restaurant Le Vieux Pressoir situé dans l’enceinte du Conservatoire Botanique National de Mascarin aux Colimaçons. Gérée en famille avec Aurore, cette charmante table propose une cuisine où l’on retrouve les produits du terroir réunionnais dans une mise en scène gourmande et originale. Le restaurant tout comme le conservatoire sont bien évidemment fermés durant ce confinement ; Romain et Aurore attendent des jours plus heureux en profitant de cette pause forcée.
Comment vivez-vous la situation ?
Plutôt bien malgré le contexte difficile ! On s’interdit habituellement de prendre trop de vacances. On va dire que cette fois-ci, ce sont des vacances forcées qui nous permettent de passer du temps avec nos enfants qu’on ne voit jamais les week-ends. Et puis, on relativise beaucoup, en se disant qu’il faut toujours assurer ses arrières en se disant que rien n’est infini… la preuve ! Même si c’est difficile, cette pause nous a permis de comprendre qu’il n’y a pas que le restaurant… et qu’on s’est aussi faire d’autres choses de nos mains !
Quel a été le menu d’hier soir ?
Gratin de chouchous, c’est la saison et on en a à foison dans le jardin, avec une poêlée de camarons et moules à la crème d’ail, brunoise de carottes et courgettes.
C’est vous qui cuisinez à la maison ?
Nous cuisinons tous les deux. Aurore étant réunionnaise nous prépare des plats traditionnels locaux et moi, étant de Bordeaux, j’aime aussi retrouver les goûts de mon pays !
Quelles activités le confinement vous permet-il de faire ?
Le jardin, le potager, Aurore s’y est lancé, bientôt on aura des brocolis, des citrouilles, des tomates, des choux-fleurs, des brèdes. Notre rêve serait de pouvoir produire quelques produits pour le restaurant alors on essaie ! Et surtout, on s’éclate à tester toutes sortes de pains faits maison, pour l’instant la palme d’or revient aux petites miches de pains marocains au curcuma et aux herbes fraîches du jardin.
Quel sera le plat que vous aurez envie de cuisiner dès votre retour aux fourneaux ?
Un jarret de porc pays à la bière locale avec une bonne mousseline de pomme de terre maison.
Un message à passer aux Réunionnais durant ces moments difficiles ?
C’est un moment difficile mais utile pour que nous comprenions tous qu’il faut faire vivre les exploitants locaux : producteurs, éleveurs, fabricants, artisans, et bien d’autres. Même ces derniers vont peut-être comprendre que nous sommes tous liés. Nos circuits seront plus courts et notre économie se portera certainement mieux. Et bien évidemment, beaucoup de courage aux malades et à leurs familles.
La gastronomie pays contre le coronavirus #24 : le boulanger Nicolas Guinet de Côté Pain à Étang-Salé-les-Bains
Nicolas Guinet est le boulanger de Côté Pain à Étang-Salé-les-Bains, spécialiste des pains bio avec une large gamme de pains spéciaux. La fermeture des restaurants et des marchés forains a davantage fait chuter son activité. Après une semaine de fermeture, le temps d’installer tout le nécessaire pour respecter les gestes barrière pour ses salariés volontaires et ses clients, Nicolas Guinet a rouvert pour le bien de tous ses clients qui étaient en manque de ses fabuleux pains.
À quel degré le confinement a-t-il mis un coup d’arrêt à votre activité ?
Pas réellement un coup d’arrêt car nous avons eu la chance de pouvoir rouvrir notre commerce tous les jours, c’est une réelle chance. Nous en sommes conscients. Cependant, le confinement nous prive de nos clients résidant en dehors d’Étang Salé.
Comment le confinement impacte-t-il votre activité ?
Nous avons fait le choix de n’ouvrir que le matin, afin de concentrer nos ventes sur une période plus restreinte, pour le bien des clients, comme des salariés.
Certains clients viennent tous les jours, d’autres, une ou deux fois par semaine, d’autres encore ne viennent pas. Concrètement, nous servons trois fois moins de clients que la normale mais leur panier moyen est plus élevé. Les chocolats de Pâques ont cependant connu un vif succès, nous en avons fait à peine moins que l’année dernière.
Nous avons réduit notre équipe, nous ne travaillions plus qu’à 7 au lieu de 23 !
Quel est votre quotidien type durant ce confinement ?
Du mardi au dimanche, en production le matin, repos et paperasse les après-midis !
Quel est le positif de cette situation ?
La reconnaissance des clients ravis de pouvoir trouver du pain, des viennoiseries et des pâtisseries sur Étang-Salé-les-Bains. J’ai aussi apprécié la réactivité de certaines structures proposant des livraisons de paniers de fruits, légumes et pains. Et j’ai un peu de temps aussi pour jardiner et m’aérer l’esprit…
Comment envisagez-vous l’avenir ?
Pas facile, il faudra être prudent même s’il faut garder confiance et rester positif. Nous avons la chance d’exercer notre activité mais c’est l’inconnu pour de nombreux secteurs dont la restauration avec laquelle nous travaillons beaucoup, nous pensons beaucoup à eux actuellement.
LA GASTRONOMIE PAYS CONTRE LE CORONAVIRUS # 23 : le chef patron Benoît Vantaux de L’Atelier de Ben à Saint-Denis
Le célèbre chef Benoît Vantaux de l’Atelier de Ben à Saint-Denis, 3-Vanilles au GUIDE KASPRO 2020, veut rester optimiste en pensant à l’après-confinement même si ce dernier n’a pas encore été décrété pour la restauration. Benoît Vantaux avait ouvert l’an dernier L’Atelier de Ben dans sa nouvelle version en doublant sa capacité d’accueil et son personnel. Le chef avait également lancé C’est Prêt où il propose durant ce confinement des plats à emporter comme un risotto arborio, plancha de crevettes et pistou à l’ail des ours (12 €) ou encore un pavé de légine à la vapeur de citronnelle, patates douces, courgettes (15 €)…
Comment vivez-vous la situation ?
C’est difficile et frustrant, surtout que nous venions juste de d’ouvrir nos nouvelles structures. Il n’y a aucune visibilité sur l’avenir. Mais je reste confiant, nous sommes des artisans avec un savoir-faire.
Quel a été le menu d’hier soir ?
Riz, saucisses frites, brèdes et rougail tomates.
C’est vous qui cuisinez à la maison ?
En ce moment, c’est moi étant donné que ma femme est en télétravail.
Quelles activités le confinement vous permet-il de faire ?
Je profite de ma fille en faisant notamment des jeux de société. Je fais un peu de bricolage au resto. J’en profite aussi pour me reposer. Je pense aussi à la réouverture. Je fais aussi du sport.
Quel sera le plat que vous aurez envie de cuisiner dès votre retour aux fourneaux ?
Certainement un plat en fonction du marché : un plat de saison, frais, végétal.
Un message à passer aux Réunionnais durant ces moments difficiles ?
Faut rester optimiste, profitons de vivre en famille ! Soyons soudés et solidaires pour mieux rebondir ensemble. Larg pa !