Julien Richoux, de la graine de champion…
Julien Richoux n’était pas revenu à La Réunion depuis deux ans. Le contexte du Covid et l’arrêt de l’activité des restaurants en métropole lui ont permis de renouer avec ses racines et de recharger les batteries auprès des siens. Une façon aussi de se reconnecter avec le terroir local comme pêcher la truite sauvage à Roche-Plate du côté de la Rivières des Remparts… et réaliser de belles assiettes comme ce tartare, avec tempura de brèdes chouchou et billes de pamplemousse.
Même en vacances, il ne boude pas son plaisir à cuisiner, surtout pour ses parents aux Avirons, et de retrouver les fumets de la cuisine traditionnelle réunionnaise qu’il aime tant. C’est d’ailleurs en réalisant en septembre une pièce fabuleuse, gastronomique et technique, en hommage à La Réunion, qu’il a pu intégrer l’Union Compagnonnique des Compagnons du Tour de France des Devoirs Unis. Une pièce qu’il a accompagnée d’un dossier documenté qui racontait l’histoire de chacun des éléments de son plat : le pigeon (un clin d’œil aux Avirons), l’oignon Châteauvieux, le zembrokal, le rougail tomate… Une prouesse davantage a salué pour ce jeune cuisinier atteint de troubles « dys », une revanche pour ce collégien aux résultats peu encourageants, assisté d’une AVS (Auxiliaire de Vie Scolaire) durant ses années de cours à L’ Étang-Salé.
L’arrivée au lycée hôtelier de La Renaissance à Plateau Caillou a été pour lui le déclic. La pratique de la cuisine, l’internat, la rencontre avec certains professeurs comme Messieurs Lamy et Bayard, lui ont donné beaucoup de confiance et les résultats scolaires sont devenus tout d’un coup brillants, excellents. Durant son BEP et Bac Professionnel, il sera en stage dans de beaux établissements à La Réunion comme La Case Pitey et le Blue Margouillat ainsi qu’à la fromagerie Au Bon Fromage d’Étang-Salé quand cette dernière lança son offre de restauration. Lauréat du concours du Meilleur Espoir de l’Océan Indien, Julien Richoux part faire un stage dans les cuisines de l’Élysée sous la présidence de François Hollande et sous les ordres du chef Guillaume Gomez. Il y préparera un concours, celui du Grand Cordon d’Or de la Cuisine Française à Monaco, qui lui permettra, à 16/17 ans de découvrir l’univers de la compétition culinaire.
Après La Réunion, il intègre un BTS à la réputée École Ferrandi à Paris où il alterne deux mois de cours et deux mois de pratique au Mandarin Oriental chez le chef Thierry Marx où il deviendra employé après l’obtention de son diplôme. Évoluant à différents postes et dans les différents restaurants du palace de la rue Saint-Honoré, Julien officie au restaurant principal du Mandarin, Le Camélia. Il y côtoiera Mory Sako, l’une des révélations de la dernière saison de Top Chef, parti aujourd’hui vers des aventures personnelles.
À 22 ans, Julien Richoux, la tête bien sur les épaules, ambitionne de multiplier les expériences chez les grands cuisiniers. Décomplexé à present de ses troubles dys, il construit méthodiquement sa carrière et vise grand et haut. Et pourquoi pas ouvrir un jour une table dans le hameau des Hautes-Pyrénées où son père, horticulteur renommé à La Réunion, a planté de nombreuses variétés d’arbres fruitiers rares et de légumes anciens…
Julien Richoux est né en 1998, une année de champions du monde qui pourrait peut-être bien lui porter chance pour la suite de sa vie…
Stéphane Carrade, chef deux-étoiles au Skiff Club sur le Bassin d’Arcachon
C’est parce qu’il avait des fourmis dans les mains et un horizon bouché en raison des fermetures des restaurants en métropole, que le chef Stéphane Carrade a décidé de venir à La Réunion durant les fêtes de cette année si particulière. Une île qu’il connaît très bien et avec laquelle il partage une histoire d’amour depuis plus de trente ans ; il y puise une partie de sa créativité dans les plats qu’il réalise désormais au Skiff Club sur le Bassin d’Arcachon. La Réunion, il l’a découverte en effectuant son service militaire au RSMA de Saint-Pierre. Un séjour qui l’aura marqué professionnellement et sentimentalement, et il ne regrette aucunement d’avoir dû quitter l’hôtel Hilton à Londres dans lequel il avait débuté sa carrière après l’obtention de son CAP-BEP à Talence près de Bordeaux.
Sa cuisine qu’il qualifie aujourd’hui de « terroir progressif » vient, aussi étonnant soit-il, du maloya qui dans les années 1990 observait un élan de modernisme en incluant de l’électrique dans cette musique traditionnelle. Stéphane Carrade veut que sa cuisine évolue en permanence, davantage aujourd’hui ; il est hors de question qu’un plat reste à la carte plus d’une saison. Après son service militaire, il reviendra sur l’île travailler durant un an au restaurant Les Flamboyants à Saint-Pierre (aujourd’hui Maison Blanche, rue du Four à Chaux) aux côtés d’un patron savoyard qui composait entre cuisine créole et métro tout en proposant des fondues aux fromages, un vaste programme… Mais une période suffisamment longue qui permettra au chef de faire plus ample connaissance avec les épices locales et le terroir de l’île, et qui s’imprimera à jamais dans l’ADN de sa cuisine.
Arrivé au Skiff Club du côté d’Arcachon en juillet 2016, le chef Carrade a réussi un tour de force en obtenant en moins de quatre ans, 2 étoiles au Guide Michelin après avoir décroché la première étoile quelques mois seulement après l’ouverture de ce restaurant de l’hôtel Haiitza. Les étoiles, ce chef, jeune quinquagénaire natif de Tarbes, y avait déjà goûtées dans les différents établissements dans lesquels il a construit sa carrière. Les Relais & Châteaux, très souvent étoilés, ont jalonné son parcours : du Château Saint-Martin en Côte d’Azur, La Ferme Saint-Siméon à Honfleur puis l’établissement de Roger Souvereyns, 2* Michelin, à Hasselt en Belgique, avec ensuite en Ardèche, La Cardinale à Baix aux côtés du chef Éric Sapet, et, en 1995, l’établissement du chef Jean Bardet, Le Château Belmont, 2 étoiles Michelin à Tours, qui sera le mentor du chef Carrade. En 1998, il souhaite retrouver ses origines et s’associe pour le rachat d’un bel établissement à Jurançon, Chez Ruffet. Il y obtiendra 2 étoiles au Guide Michelin en 2006 avant que l’adresse ne perde de sa superbe et décline en raison d’une mauvaise association. Le chef Carrade rebondit en devenant directeur d’un hôtel-restaurant, La Guérinière sur le Bassin d’Arcachon, où il sera directeur-chef durant 4 ans. C’est ensuite le Grand Hôtel de Bordeaux, bien heureux de trouver un chef originaire du Sud-Ouest, qui lui confie les cuisines de la brasserie tout en préparant l’arrivée du médiatique chef Gordon Ramsay pour le restaurant gastronomique. Puis il écrira cette belle page qu’il continue de peaufiner au Skiff Club avec ses deux étoiles Michelin ! La Réunion fait partie de son répertoire gastronomique ; il utilise souvent dans ses plats des ingrédients de l’île : vanille, massalé, lentilles de Cilaos ; et il n’hésite pas à demander aux maraîchers du Bassin de lui faire pousser des chouchoux comme des brèdes. Cette pause imposée par le confinement et l’éloignement, lui permet également d’élaborer de nouveaux plats comme cette dernière inspiration née à proximité du lagon : un blinis à la farine de sarrazin, avec une crème de tamarin, des lentilles de Cilaos et du caviar d’Aquitaine, un mets qui traduit à la fois ses origines et ses influences réunionnaises.
LA GASTRONOMIE PAYS CONTRE LE CORONAVIRUS #38: le chef patron Erick Quelquejeu du restaurant Oh Suzie Q ! à La Possession
Erick Quelquejeu est le crocodile dandy du restaurant Oh Suzie Q à La Possession, également connu pour les dégustations d’insectes mais aussi ses viandes exotiques venues de la brousse australienne et d’ailleurs. Il a fait de son confinement un puits d’imagination où il source différents plats qu’il propose à l’emporter pour limiter la casse de la fermeture des restaurants.
Comment vivez-vous la situation ?
De façon positive. Prendre le temps de confectionner un meilleur environnement par des travaux et des plats plus goûteux. Mais en ce moment, je fais de l’emporter pour pouvoir survivre le temps de crise.
Quel a été le menu d’hier soir ?
Chili con carne de cabri cuit à 90 degrés pendant 14 heures !
C’est vous qui cuisinez à la maison ?
Oh mon dieu oui ! J’adore et ne m’en lasse pas.
Quelles activités le confinement vous permet-il de faire ?
Du temps avec la famille et reprendre la cuisine en main tranquille et tout seul !
Avez-vous mis des choses en place dans votre établissement ?
Oui, depuis la deuxième semaine. Des ribs façon australienne cuits pendant 8 heures, souris d’agneau de 14 heures, tartare de thon, chili con carne, tourtes australiennes farcies et tout plein de choses… Le kiffe est de laisser son imagination prendre le dessus.
Un message à passer aux Réunionnais durant ces moments difficiles ?
Just Chill. Keep it cool. It’ll be over soon ! Et on vous attend !
LA GASTRONOMIE PAYS CONTRE LE CORONAVIRUS #36: la cheffe pâtissière Laure Fridmann de la pâtisserie-boulangerie Sensations à Saint-Pierre
La cheffe pâtissière Laure Fridmann, pâtissière de l’année du GUIDE KASPRO 2018 quand elle excellait au Palm Hotel & Spa, a ouvert, l’an passé, sa jolie boutique Sensations à Saint-Pierre après avoir essuyé les plâtres albâtres des gilets jaunes. Si elle a pu maintenir une partie de son activité, l’équilibre financier n’est pas au rendez-vous, qui plus est avec l’indélicatesse de certains clients non conscients de la situation que traversent des artisans fragilisés par cette crise.
À quel degré le confinement a-t-il mis un coup d’arrêt à votre activité ?
Notre activité a, au début du confinement, beaucoup ralenti et elle a repris davantage notamment grâce aux fêtes de Pâques. Il faudra voir si cette activité se maintient…
Comment le confinement impacte-t-il votre activité ?
Nous ne sommes pas les plus à plaindre car nous pouvons continuer à travailler, mais nous travaillons quand même à perte surtout dans une structure toute récente comme la mienne qui a encore de grosses charges à assumer. Mais nous perdons déjà un peu moins que si nous étions complètement fermées.
Au-delà de l’aspect financier, nous faisons partie des catégories de gens qui aiment leur métier et qui ont besoin de travailler. Comme je le dis souvent à mes clients, nous faisons ce métier par passion et pour faire plaisir aux gens. Notre récompense est de voir le sourire des gens et leur bonheur de pouvoir encore profiter de bons produits.
Mais, il y a aussi des gens qui vivent très mal cette situation, heureusement c’est une minorité, et qui se permettent de se défouler sur nous quand le produits qu’ils veulent ne sont plus disponibles. Il serait bon de rappeler, à ces personnes, l’essence même de l’artisanat : c’est un métier basé sur le savoir-faire de l’homme. Une personne peut produire une certaine quantité, au-delà de cette quantité, nous pourrions plus produire la même qualité !
Chers clients, si vous voulez de la qualité, il y a parfois quelques concessions à faire : pensez à commander ou faites-nous confiance et laissez-vous tenter par un autre produit, vous ferez peut-être une belle découverte…
Quel est votre quotidien type durant ce confinement ?
Pour nous, le travail est plus éprouvant car nous sommes en équipe réduite. Afin de sauver les meubles, la majorité de mon personnel est au chômage partiel et je me retrouve contrainte à gérer plusieurs postes comme la vente, les livraisons.
Quel est le positif de cette situation ?
Pour l’instant, je n’en vois pas ! J’espère juste que les clients n’oublieront pas l’effort que nous avons fourni pour rester ouverts : heures de travail, exposition à la maladie…
Comment envisagez-vous l’avenir ?
Il paraît plus raisonnable de prendre les choses au fur et à mesure. Donc on verra bien ce que l’avenir nous réserve…
La première chose que vous aimeriez faire après le confinement ?
Retrouver mon meilleur ami autour d’une bonne bouteille…
LA GASTRONOMIE PAYS CONTRE LE CORONAVIRUS #35: Julie Huillet et Junior Correia de Andrade de Kampaï Niwa à Saint-Pierre
Julie Huillet et Junior Correia de Andrade sont les propriétaires des adresses à sushis (mais pas que) Kampaï Sushibar Niwa à Saint-Pierre. Le couple, qui emploie habituellement 11 salariés, a pu malgré tout maintenir la vente à emporter durant la fermeture des restaurants pendant ce confinement. Julie et Junior sont très touchés de la solidarité des Réunionnais en ces temps compliqués.
Comment vivez-vous la situation ?
Nous vivons avec un stress quotidien de ne pas savoir où cette situation va nous mener tout en essayant de relativiser.
Quel a été le menu d’hier soir ?
Soupe de légumes !
C’est vous qui cuisinez à la maison ?
Nous cuisinons tous les deux à tour de rôle, selon notre fatigue…
Quelles activités le confinement vous permet-il de faire ?
Il nous permet de nous occuper de nos enfants âgés de 3 ans et 5 mois. Pour Monsieur de jardiner et bricoler à la maison. Pour Madame, quand le temps et les enfants le permettent, un peu de sport.
Avez-vous mis des choses en place dans votre établissement ?
Nous avons pu continuer la vente à emporter grâce à une clientèle fidèle mais aussi de nouveaux clients, ce qui est plutôt positif.
Un message à passer aux Réunionnais durant ces moments difficiles ?
La solidarité dont font preuve les Réunionnaises et les Réunionnais est exceptionnelle. C’est grâce au soutien de chacun que nous arriverons à surmonter cette lourde épreuve. Nous souhaitons beaucoup de courage à tout le monde.
La gastronomie pays contre le coronavirus #32: le chef Emmanuel Michau du restaurant Sahaa à Saint-Paul
Emmanuel Michau est le cuisinier artisan qui a animé les fourneaux du restaurant Là-Bas,Ter La à Saint-Paul qu’il vient récemment de céder. Aujourd’hui, il est le chef exécutif du restaurant saint-paulois Sahaa ouvert l’an dernier. L’établissement récent est bien évidemment mis en péril en raison de cette crise sanitaire mais Emmanuel Michau veut garder espoir.
Comment vivez-vous la situation ?
Je vis la situation avec philosophie, une nouvelle épreuve de la vie. Nous n’avons pas connu la guerre, mais une pandémie mondiale, c’est totalement inédit, on en parlera dans les livres d’Histoire dans quelques décennies. C’est très compliqué au niveau du restaurant, autant pour nos employés que pour la survie de la structure en elle-même. Mais je suis confiant en la vie, et tout va bien se passer.
Quel a été le menu d’hier soir ?
Momos tibétain à la viande, fait maison
C’est vous qui cuisinez à la maison ?
Je cuisine tout le temps à la maison, j’aime le faire pour mon fils, lui donner une palette de saveurs, faire son palais. Ma maman étant là, en vacances forcées, elle prend le relais de temps en temps et mon fils met la main à la pâte aussi.
Quelles activités le confinement vous permet-il de faire ?
Je continue à travailler entant que consultant culinaire pour un armateur de pêche. Je fais l’instituteur pour mon fils, je lis beaucoup, quelques films et j’arrive à faire un peu de sport aussi.
Avez-vous mis des choses en place dans votre établissement ?
Pour l’instant, au Sahaa, nous n’avons rien mis en place, mais nous pensons à faire de la vente à emporter avec précommande 2 à 3 fois par semaine.
Un message à passer aux Réunionnais durant ces moments difficiles ?
Larg pa, tien bo, restons ensemble, soudés, confinés et confiants. The Show Must Go Home !
La gastronomie pays contre le coronavirus #28 : le chef Elie Abboud du restaurant libanais Le Mezzé à Saint-Pierre
Le chef Elie Abboud et son épouse Crystel tiennent avec brio cette adresse de cuisine traditionnelle libanaise, Le Mezzé. Tout comme nombreux de leurs confrères, les rideaux de leur restaurant sont totalement fermés. Le couple veut être optimiste et relativise par rapport à la situation de nombreux pays dont celui des origines du chef, le Liban.
Comment vivez-vous la situation ?
Nous prenons notre mal en patience, en essayant de voir le côté positif de la situation : passer plus de temps avec notre fils.
Quel a été le menu d’hier soir ?
Blanquette de veau.
C’est vous qui cuisinez à la maison ?
Ma femme et moi en fonction de nos envies.
Quelles activités le confinement vous permet-il de faire ?
Jouer avec mon petit garçon, bricoler et rattraper les séries qu’on n’a pas le temps de voir en temps normal.
Quel sera le plat que vous aurez envie de cuisiner dès votre retour aux fourneaux ?
Du kebbeh (boulettes allongées à base de boulgour et une farce traditionnelle à base de bœuf, de pignons de pin, d’oignons…)
Un message à passer aux Réunionnais durant ces moments difficiles ?
Positivons au maximum, à La Réunion en particulier, et en France en général, nous ne sommes pas les plus à plaindre. J’ai toute ma famille au Liban, ils sont dans une situation intenable que ce soit sanitaire ou économique.
Regardons autour de nous, ne nous apitoyons pas sur notre sort, car d’autres n’ont pas autant de chance.
La gastronomie pays contre le coronavirus #25 : le chef Romain Durand du Vieux Pressoir au Conservatoire Mascarin des Colimaçons
Romain Durand est le chef du bucolique restaurant Le Vieux Pressoir situé dans l’enceinte du Conservatoire Botanique National de Mascarin aux Colimaçons. Gérée en famille avec Aurore, cette charmante table propose une cuisine où l’on retrouve les produits du terroir réunionnais dans une mise en scène gourmande et originale. Le restaurant tout comme le conservatoire sont bien évidemment fermés durant ce confinement ; Romain et Aurore attendent des jours plus heureux en profitant de cette pause forcée.
Comment vivez-vous la situation ?
Plutôt bien malgré le contexte difficile ! On s’interdit habituellement de prendre trop de vacances. On va dire que cette fois-ci, ce sont des vacances forcées qui nous permettent de passer du temps avec nos enfants qu’on ne voit jamais les week-ends. Et puis, on relativise beaucoup, en se disant qu’il faut toujours assurer ses arrières en se disant que rien n’est infini… la preuve ! Même si c’est difficile, cette pause nous a permis de comprendre qu’il n’y a pas que le restaurant… et qu’on s’est aussi faire d’autres choses de nos mains !
Quel a été le menu d’hier soir ?
Gratin de chouchous, c’est la saison et on en a à foison dans le jardin, avec une poêlée de camarons et moules à la crème d’ail, brunoise de carottes et courgettes.
C’est vous qui cuisinez à la maison ?
Nous cuisinons tous les deux. Aurore étant réunionnaise nous prépare des plats traditionnels locaux et moi, étant de Bordeaux, j’aime aussi retrouver les goûts de mon pays !
Quelles activités le confinement vous permet-il de faire ?
Le jardin, le potager, Aurore s’y est lancé, bientôt on aura des brocolis, des citrouilles, des tomates, des choux-fleurs, des brèdes. Notre rêve serait de pouvoir produire quelques produits pour le restaurant alors on essaie ! Et surtout, on s’éclate à tester toutes sortes de pains faits maison, pour l’instant la palme d’or revient aux petites miches de pains marocains au curcuma et aux herbes fraîches du jardin.
Quel sera le plat que vous aurez envie de cuisiner dès votre retour aux fourneaux ?
Un jarret de porc pays à la bière locale avec une bonne mousseline de pomme de terre maison.
Un message à passer aux Réunionnais durant ces moments difficiles ?
C’est un moment difficile mais utile pour que nous comprenions tous qu’il faut faire vivre les exploitants locaux : producteurs, éleveurs, fabricants, artisans, et bien d’autres. Même ces derniers vont peut-être comprendre que nous sommes tous liés. Nos circuits seront plus courts et notre économie se portera certainement mieux. Et bien évidemment, beaucoup de courage aux malades et à leurs familles.
LA GASTRONOMIE PAYS CONTRE LE CORONAVIRUS # 23 : le chef patron Benoît Vantaux de L’Atelier de Ben à Saint-Denis
Le célèbre chef Benoît Vantaux de l’Atelier de Ben à Saint-Denis, 3-Vanilles au GUIDE KASPRO 2020, veut rester optimiste en pensant à l’après-confinement même si ce dernier n’a pas encore été décrété pour la restauration. Benoît Vantaux avait ouvert l’an dernier L’Atelier de Ben dans sa nouvelle version en doublant sa capacité d’accueil et son personnel. Le chef avait également lancé C’est Prêt où il propose durant ce confinement des plats à emporter comme un risotto arborio, plancha de crevettes et pistou à l’ail des ours (12 €) ou encore un pavé de légine à la vapeur de citronnelle, patates douces, courgettes (15 €)…
Comment vivez-vous la situation ?
C’est difficile et frustrant, surtout que nous venions juste de d’ouvrir nos nouvelles structures. Il n’y a aucune visibilité sur l’avenir. Mais je reste confiant, nous sommes des artisans avec un savoir-faire.
Quel a été le menu d’hier soir ?
Riz, saucisses frites, brèdes et rougail tomates.
C’est vous qui cuisinez à la maison ?
En ce moment, c’est moi étant donné que ma femme est en télétravail.
Quelles activités le confinement vous permet-il de faire ?
Je profite de ma fille en faisant notamment des jeux de société. Je fais un peu de bricolage au resto. J’en profite aussi pour me reposer. Je pense aussi à la réouverture. Je fais aussi du sport.
Quel sera le plat que vous aurez envie de cuisiner dès votre retour aux fourneaux ?
Certainement un plat en fonction du marché : un plat de saison, frais, végétal.
Un message à passer aux Réunionnais durant ces moments difficiles ?
Faut rester optimiste, profitons de vivre en famille ! Soyons soudés et solidaires pour mieux rebondir ensemble. Larg pa !
LA GASTRONOMIE PAYS CONTRE LE CORONAVIRUS # 22 : le chef Bruno Rondeau du restaurant L’Olivier au Tampon
Bruno Rondeau, le chef du restaurant L’Olivier au Tampon, 1-Vanille au GUIDE KASPRO 2020, vit difficilement cette situation de confinement tout comme nombre de ses confrères cuisiniers. Il envoie un message de soutien à tous ses collègues tout comme à ceux qui ont dû fermer boutique.
Comment vivez-vous la situation ?
La situation est forcément compliquée et dure à vivre quand on a l’habitude de faire entre 12 et 18 heures par jour. Et de se retrouver à ne rien avoir à faire de ses journées. Oui c’est compliqué !
Quel a été le menu d’hier soir ?
Salade de mâche et magret fumé, œufs pochés et pignons de pin torréfiés ; en plus on prend des kilos…
C’est vous qui cuisinez à la maison ?
Je suis seul à la maison, donc pas le choix et je suis un petit peu chef, ça aide !
Quelles activités le confinement vous permet-il de faire ?
Comptabilité, rangement, nettoyage du restaurant, revoir les menus, etc.
Un message à passer aux Réunionnais durant ces moments difficiles ?
Courage, courage et encore un peu de courage et de patience, restez out case pour le bien de tous. Ce confinement fait réfléchir sur ce que nous sommes, qui nous sommes, et pourquoi nous sommes là. Le retour à la normale changera certains, beaucoup auront tout perdu, d’autres se relèveront avec difficultés, soyez forts. J’ai une pensée pour tous mes amis restaurateurs et autres commerces qui ont dû fermer par obligation et qui se retrouvent aujourd’hui sans rien.